
GRAND ANGLE
100 jours de Trump : l’Afrique énergétique et minière face aux premiers chocs.
Dans un contexte où les économies africaines misent sur leurs ressources naturelles pour accélérer leur développement, les annonces tarifaires américaines ont provoqué un certain trouble. L’administration Trump a en effet relancé plusieurs hausses de droits de douane sur des matières premières importées de zones hors ALENA, notamment le manganèse, l’aluminium brut et certains alliages spécifiques utilisés dans les technologies renouvelables. Une mesure qui a immédiatement impacté les cours à l’export pour des pays comme le Ghana ou la Guinée.
« Ces droits de douane pèsent peu sur le volume global exporté vers les États-Unis, mais créent une pression psychologique sur les marchés », indique Andrew Nevin, économiste chez PwC Nigeria, dans une note publiée le 28 mars 2025. Il souligne également « Cela renforce l’idée que les États-Unis deviennent un partenaire de moins en moins stable pour les matières premières critiques. »
Dans plusieurs capitales ouest-africaines, les opérateurs miniers ont commencé à réévaluer leurs options. Certains producteurs de bauxite ou de lithium, initialement tournés vers les filières nord-américaines, cherchent à renforcer leurs partenariats asiatiques ou européens.
La menace d’un ralentissement du financement bancaire américain, couplée à une rhétorique protectionniste, pousse aussi les gouvernements à repenser leur attractivité vis-à-vis d’acteurs comme la Chine, l’Inde ou les Émirats.
Selon une analyse du think tank South African Institute of International Affairs (SAIIA), publiée le 4 avril 2025, « les effets directs des mesures américaines sur les exportateurs sud-africains sont pour l’instant limités, mais le climat général de friction commerciale risque de peser sur l’ensemble des flux Sud-Nord dans les mois à venir ». En clair, même sans embargo officiel, le signal est envoyé : l’ère Trump 2.0 pourrait bien durcir le cadre d’échanges pour tous les pays en développement.
L’inquiétude chez les ONG africaines.
Dans le secteur pétrolier, les annonces en faveur d’un retour massif au charbon et aux hydrocarbures conventionnels aux États-Unis redessinent également les perspectives. La baisse des subventions aux projets solaires et la suppression des incitations à l’importation de technologies vertes américaines complexifient l’équation pour les pays africains engagés dans une transition énergétique partielle.
Le Nigeria, par exemple, voit son projet d’interconnexion énergétique verte, financée par des prêts concessionnels américains, menacé de report, selon une note confidentielle du ministère de l’Énergie relayée par BusinessDay Nigeria.
Pour ne rien arranger, les premières discussions autour d’une réforme de la loi Dodd-Frank, notamment sur les minerais dits « de conflit », suscitent l’inquiétude chez les ONG africaines. Une telle réforme pourrait affaiblir les mécanismes de traçabilité imposés aux entreprises américaines, avec le risque de voir revenir des pratiques opaques dans l’achat de cobalt ou d’or artisanal.
En creux, une opportunité ?
Si l’Afrique de l’Ouest subit les effets secondaires du retour de Donald Trump à la Maison-Blanche, elle pourrait aussi y voir un levier. À condition de tirer parti du contexte pour réaffirmer ses priorités, revoir ses alliances commerciales et énergétiques, et renforcer ses chaînes de valeur internes.
Car au fond, la vraie question est peut-être ailleurs : l’Afrique doit-elle encore attendre que d’autres définissent les règles du jeu énergétique, ou est-il temps de poser les siennes ?
DODD-FRANK : UNE LOI AMÉRICAINE, DES CONSÉQUENCES AFRICAINES.
Adoptée aux États-Unis en 2010 après la crise financière, la loi Dodd-Frank vise à mieux encadrer les pratiques des banques et des grandes entreprises.
Un article de cette loi (le fameux « 1502 ») impose aux firmes cotées en Bourse de déclarer si elles utilisent des « minerais de conflit » (or, tungstène, étain, tantale,…) extraits dans des zones de guerre, en particulier en Afrique.
Objectif : éviter que des groupes armés soient financés par l’exploitation minière.
La réforme envisagée sous Trump 2.0 pourrait assouplir ces obligations, au risque de relancer l’opacité dans certaines filières.
Pour les pays africains exportateurs, cela signifie une pression moindre sur la traçabilité… mais aussi un risque accru de pratiques illégales et de réputation dégradée pour leurs ressources.
« Ces droits de douane pèsent peu sur le volume global exporté vers les États-Unis, mais créent une pression psychologique sur les marchés », indique Andrew Nevin, économiste chez PwC Nigeria, dans une note publiée le 28 mars 2025. Il souligne également « Cela renforce l’idée que les États-Unis deviennent un partenaire de moins en moins stable pour les matières premières critiques. »
Dans plusieurs capitales ouest-africaines, les opérateurs miniers ont commencé à réévaluer leurs options. Certains producteurs de bauxite ou de lithium, initialement tournés vers les filières nord-américaines, cherchent à renforcer leurs partenariats asiatiques ou européens.
La menace d’un ralentissement du financement bancaire américain, couplée à une rhétorique protectionniste, pousse aussi les gouvernements à repenser leur attractivité vis-à-vis d’acteurs comme la Chine, l’Inde ou les Émirats.
Selon une analyse du think tank South African Institute of International Affairs (SAIIA), publiée le 4 avril 2025, « les effets directs des mesures américaines sur les exportateurs sud-africains sont pour l’instant limités, mais le climat général de friction commerciale risque de peser sur l’ensemble des flux Sud-Nord dans les mois à venir ». En clair, même sans embargo officiel, le signal est envoyé : l’ère Trump 2.0 pourrait bien durcir le cadre d’échanges pour tous les pays en développement.
L’inquiétude chez les ONG africaines.
Dans le secteur pétrolier, les annonces en faveur d’un retour massif au charbon et aux hydrocarbures conventionnels aux États-Unis redessinent également les perspectives. La baisse des subventions aux projets solaires et la suppression des incitations à l’importation de technologies vertes américaines complexifient l’équation pour les pays africains engagés dans une transition énergétique partielle.
Le Nigeria, par exemple, voit son projet d’interconnexion énergétique verte, financée par des prêts concessionnels américains, menacé de report, selon une note confidentielle du ministère de l’Énergie relayée par BusinessDay Nigeria.
Pour ne rien arranger, les premières discussions autour d’une réforme de la loi Dodd-Frank, notamment sur les minerais dits « de conflit », suscitent l’inquiétude chez les ONG africaines. Une telle réforme pourrait affaiblir les mécanismes de traçabilité imposés aux entreprises américaines, avec le risque de voir revenir des pratiques opaques dans l’achat de cobalt ou d’or artisanal.
En creux, une opportunité ?
Si l’Afrique de l’Ouest subit les effets secondaires du retour de Donald Trump à la Maison-Blanche, elle pourrait aussi y voir un levier. À condition de tirer parti du contexte pour réaffirmer ses priorités, revoir ses alliances commerciales et énergétiques, et renforcer ses chaînes de valeur internes.
Car au fond, la vraie question est peut-être ailleurs : l’Afrique doit-elle encore attendre que d’autres définissent les règles du jeu énergétique, ou est-il temps de poser les siennes ?
DODD-FRANK : UNE LOI AMÉRICAINE, DES CONSÉQUENCES AFRICAINES.
Adoptée aux États-Unis en 2010 après la crise financière, la loi Dodd-Frank vise à mieux encadrer les pratiques des banques et des grandes entreprises.
Un article de cette loi (le fameux « 1502 ») impose aux firmes cotées en Bourse de déclarer si elles utilisent des « minerais de conflit » (or, tungstène, étain, tantale,…) extraits dans des zones de guerre, en particulier en Afrique.
Objectif : éviter que des groupes armés soient financés par l’exploitation minière.
La réforme envisagée sous Trump 2.0 pourrait assouplir ces obligations, au risque de relancer l’opacité dans certaines filières.
Pour les pays africains exportateurs, cela signifie une pression moindre sur la traçabilité… mais aussi un risque accru de pratiques illégales et de réputation dégradée pour leurs ressources.