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Entre inondations et intrusion saline, les pays côtiers également en première ligne.

Lorsqu’on évoque la crise de l’eau en Afrique de l’Ouest, on pense souvent à la sécheresse et au stress hydrique qui affectent le Sahel. Pourtant, les pays côtiers de la région sont loin d’être épargnés. De la montée du niveau de la mer à l’intrusion saline, en passant par l’érosion côtière et les inondations, ces États font face à des défis hydriques croissants, menaçant leur développement économique, leur agriculture et leurs populations.

Une érosion côtière accélérée et une montée des eaux inquiétante.
Les littoraux ouest-africains, riches en infrastructures portuaires et en centres urbains majeurs, subissent une érosion alarmante. Selon la Banque Mondiale, plus de 13 000 hectares de terres sont perdus chaque année à cause de l’érosion côtière.

Au Ghana et en Côte d’Ivoire, certaines zones côtières reculent de plusieurs mètres par an, menaçant les villages de pêcheurs et les infrastructures urbaines. Des quartiers entiers, comme Grand-Bassam en Côte d’Ivoire ou Keta au Ghana, ont été grignotés par l’océan, forçant les autorités à déplacer des habitants.

Le Sénégal n’est pas en reste : l’érosion menace des quartiers de Dakar comme Rufisque et les célèbres plages des Mamelles, essentielles au tourisme. Les constructions sur le littoral et l’exploitation du sable aggravent la situation.

L’intrusion saline, un poison pour l’agriculture et l’eau potable.
En plus de la perte de terres, les populations côtières doivent faire face à l’intrusion saline, un phénomène qui rend les eaux souterraines et les terres agricoles inutilisables. Dans la vallée du fleuve Sénégal, des zones fertiles sont de plus en plus affectées par la salinité. Au Bénin et au Togo, les zones agricoles proches du fleuve Mono connaissent le même sort. Au Nigeria, les deltas des fleuves Niger et Cross River voient leurs nappes phréatiques polluées par l’eau de mer, forçant les agriculteurs à abandonner leurs exploitations.

Dans les villes côtières, l’eau potable devient plus rare. À Abidjan, les forages captant l’eau douce sont touchés par la salinisation, compliquant l’approvisionnement.

Des inondations de plus en plus fréquentes.
Les inondations urbaines sont un autre défi majeur. La montée des eaux et les précipitations extrêmes exacerbées par le changement climatique submergent régulièrement les grandes villes.

Lagos (Nigeria), mégapole de plus de 20 millions d’habitants, subit chaque année des crues spectaculaires qui paralysent les infrastructures et déplacent des milliers de personnes.

Dakar (Sénégal) voit ses quartiers inondés chaque saison des pluies, avec un système de drainage souvent dépassé.

Abidjan (Côte d’Ivoire) est régulièrement frappée par des pluies diluviennes qui causent des effondrements et des glissements de terrain.

Selon l’Organisation Météorologique Mondiale (OMM), 40 % des régions côtières d’Afrique de l’Ouest seront en situation de vulnérabilité hydrique critique d’ici 2050.

Des initiatives pour renforcer la résilience.
Face à ces défis, plusieurs programmes régionaux et initiatives locales ont vu le jour :

Le programme WACA (West Africa Coastal Areas Management Program), financé par la Banque Mondiale, aide les pays côtiers à lutter contre l’érosion et à protéger les infrastructures.

Le Ghana construit des digues et des brise-lames pour ralentir l’avancée de la mer.

Le Sénégal investit dans l’assainissement et le drainage urbain pour réduire les inondations.

L’introduction de techniques agricoles adaptées, comme les cultures résistantes au sel, permet de limiter les pertes agricoles.

Une urgence qui ne peut plus attendre.
Contrairement à une idée reçue, les pays côtiers ouest-africains ne sont pas à l’abri des tensions sur l’eau. La montée des eaux, l’intrusion saline et les inondations urbaines menacent des millions d’habitants et exigent des politiques ambitieuses de gestion de l’eau et de protection des littoraux.

Face à ces défis, une coopération régionale renforcée et des investissements soutenus sont essentiels pour préserver ces territoires stratégiques. Car dans un monde où l’eau devient une ressource de plus en plus convoitée, les côtes africaines doivent aussi se préparer à affronter les défis de demain.

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