
La Bourse de Sous-Traitance et de Partenariat : une relance pour un contenu local performant.
Treize ans après sa création, la BSTP-Mali ouvre une nouvelle phase de son histoire, portée par le CNPM et consolidée par la loi sur le contenu local adoptée en 2023. Entre gouvernance, financements, services aux entreprises et articulation avec les organes étatiques, ses dirigeants, M. Sidi Dagnoko et M. Brahima Mariko, livrent à Point Focus leurs regards croisés sur les défis et les ambitions qui se dessinent.
Une ambition affichée
« La Bourse de Sous-Traitance et de Partenariat (BSTP-Mali) est bien plus qu’un outil de mise en relation : elle est un moteur de transformation économique, capable d’amplifier la croissance du PIB, de créer de la richesse locale, et de structurer durablement le secteur privé malien. »
En une phrase, M. Sidi Dagnoko, président du Comité de pilotage de la BSTP et vice-président du CNPM, pose le cadre et l’ambition. Créée en juillet 2011 par le Conseil national du Patronat du Mali (CNPM) à la suite d’une étude de diagnostic commanditée auprès du Bureau international du Travail (BIT), la BSTP devait constituer un outil stratégique pour organiser le rapprochement entre grands donneurs d’ordre et entreprises locales.
Restée en retrait pendant treize ans, elle n’a pas permis aux acteurs économiques d’entrevoir ses apports, alors même que les expériences similaires du Sénégal et de la Côte d’Ivoire progressaient. L’année 2024 marque une étape charnière : la relance de la BSTP s’inscrit dans le Plan stratégique de développement 2023-2027 du CNPM, conduit par son président, M. Mossadeck Bally, et bénéficie du contexte favorable créé par l’adoption de la loi relative au contenu local dans le secteur minier.
Une relance adossée à la loi sur le contenu local
Pour expliquer cette longue mise en retrait, M. Dagnoko identifie plusieurs freins : « Malheureusement, depuis sa création, la BSTP-Mali n’a pas pu jouer ce rôle pour des raisons multiples et diverses. Les principales causes sont, entre autres, le manque de financement durable, la faible appropriation institutionnelle, l’insuffisance de coordination et le contexte économique et sécuritaire du Mali. »
Il ajoute : « Il faut noter que la BSTP-Mali est entièrement financée par le CNPM depuis sa création. Ce qui se présente comme un handicap en termes de l’atteinte de ses objectifs et la réalisation de ses missions. »
M. Brahima Mariko, directeur de la BSTP, complète ce constat : « Les autres ressources de la BSTP-Mali sont les frais d’inscription et les cotisations annuelles des entreprises membres. La Commission de l’UEMOA appuie les BSTP nationales par des subventions annuelles qui tardent à venir depuis quelques années. Pour le moment, la BSTP-Mali n’a reçu aucun soutien financier de l’État du Mali. »
Dans ce contexte, la relance de 2024 apparaît comme une nouvelle étape. Elle trouve un relais naturel dans la loi n°2023-041 du 29 août 2023 relative au contenu local dans le secteur minier. Sur ce point, M. Dagnoko insiste : « La BSTP-Mali devient dès lors un outil opérationnel pour la mise en œuvre de la loi, un guichet unique pour identifier, qualifier et recommander les entreprises locales aux opérateurs miniers et enfin un catalyseur de partenariats entre multinationales et PME maliennes. »
Gouvernance et services aux entreprises
La BSTP repose sur trois organes de gestion : un Comité de pilotage, un Comité de suivi et une Direction exécutive. À propos de cette gouvernance, M. Dagnoko précise : « Le Comité de pilotage de la BSTP-Mali joue un rôle fondamental dans sa gouvernance et son bon fonctionnement. Il est l’organe d’autorité stratégique chargé de définir les grands axes d’orientations, la politique et de superviser la mise en œuvre des activités de la BSTP-Mali. »
Ce Comité est aujourd’hui composé de 31 structures membres : 6 départements ministériels, huit directions techniques, seize organisations du secteur privé et un partenaire technique et financier.
De son côté, M. Mariko met en avant les services offerts aux entreprises : « La mission principale de la BSTP-Mali est de faciliter le rapprochement entre les grands donneurs d’ordre et les entreprises sous-traitantes et fournisseurs des biens et services. »
Il souligne aussi l’importance d’accroître le nombre de partenaires stratégiques : « Il s’agit d’élargir son portefeuille de grandes entreprises donneuses d’ordre pour recueillir le maximum d’opportunités de sous-traitance en vue de les mettre à la disposition des sociétés nationales. »
Il développe : « Outre cette mise en relation, la formation et le renforcement de capacités des entreprises, le transfert de technologie et de connaissances, l’appui à la certification, l’accompagnement au financement et l’accès au marché sont au cœur du dispositif prévu par la BSTP. »
Une articulation avec les organes étatiques
La loi de 2023 a également créé deux structures complémentaires : le Cadre de concertation sur le contenu local (CCCL) et le Secrétariat permanent du contenu local (SPCL). Sur ce point, M. Mariko clarifie : « La mission de la BSTP-Mali est différente des organes de contrôles étatiques qui sont essentiellement axés sur le respect des obligations de la loi sur le contenu local dans le secteur minier. »
Il poursuit : « La BSTP-Mali travaillera bien évidemment avec le Cadre de Concertation sur le Contenu Local (CCCL) et le Secrétariat Permanent du Contenu Local (SPCL) dans le cadre de leurs missions respectives. Il y a une complémentarité dans les actions de la BSTP-Mali et celles des organes étatiques. »
Des perspectives financières et régionales
L’ambition ne se limite pas aux services : elle inclut aussi un volet financier. M. Dagnoko annonce : « Le 13 août 2025, la BSTP-Mali a signé avec les autres acteurs du secteur privé un accord-cadre de coopération pour le financement du contenu local dans le secteur minier qui permettra de faciliter l’accès aux crédits des entreprises sous-traitantes et fournisseurs des biens et services. »
La dynamique s’inscrit également dans une perspective régionale. Comme le souligne M. Brahima Mariko : « Le Réseau des BSTP de l’Union Économique et Monétaire Ouest Africaine (UEMOA) est le regroupement des huit BSTP nationales, mis en place en 2020 avec l’appui de la Commission de l’UEMOA. »
Il conclut sur ce point : « L’objectif principal du Réseau est de promouvoir la sous-traitance et le partenariat interentreprises à l’échelle régionale. »
Un instrument de transformation
Le contexte économique est jugé porteur : en 2024, le PIB du Mali est estimé à 26,59 milliards USD (soit près de 16 000 milliards de F CFA), avec une croissance de 4,4 % selon la Banque mondiale.
C’est dans ce contexte que M. Sidi Dagnoko résume ainsi la vision portée par l’organisation patronale : « Le CNPM anime, finance, défend et intègre la BSTP dans une vision plus large de transformation économique fondée sur le partenariat public-privé, la valorisation des compétences locales et la structuration du tissu entrepreneurial malien. »
La plateforme numérique : le nouvel atout BSTP
Vitrine digitale de la BSTP, ce portail en ligne marque ainsi son évolution. Il centralise les opportunités de sous-traitance, qualifie les entreprises locales et connecte directement PME et grands donneurs d’ordre. C’est aussi grâce à cet outil innovant que s’incarnera la nouvelle dynamique portée par le CNPM : www.bstpmali.com
Par B.S.