
La Banque Mondiale plaide pour le développement de chaînes de valeur minières en Afrique de l’ouest.
La Banque mondiale appelle les pays d’Afrique de l’Ouest à structurer des chaînes de valeur locales capables de capter les retombées économiques de leur sous-sol. Dans son dernier rapport publié en mai 2025, l’institution estime qu’un investissement régional de 34 milliards de dollars (soit plus de 20 000 milliards de francs CFA) permettrait de créer jusqu’à quarante fois plus d’emplois que le modèle actuel centré sur l’exportation de minerais bruts.
Le message est clair : alors que la demande mondiale en métaux critiques s’accélère, la région reste trop dépendante des marchés extérieurs pour la transformation, le traitement et la valorisation industrielle de ses ressources. Le rapport insiste sur la nécessité de développer des capacités techniques nationales et de mettre en place des dispositifs incitatifs à l’échelle régionale.
Parmi les leviers recommandés figurent la mutualisation des infrastructures, la coordination réglementaire et la création de hubs de transformation transfrontaliers. L’objectif est d’installer durablement une industrie minière intégrée, plus résiliente face aux aléas économiques et plus ancrée dans les territoires.
Le développement du secteur ne dépend plus des ressources disponibles, mais des choix d’industrialisation qui seront faits aujourd’hui. Alors que l’industrie fait face à des défis toujours plus complexes, l’IA devient indispensable. Non seulement elle améliore la sécurité, mais elle optimise aussi les performances des sites miniers, ouvrant la voie à une exploitation plus responsable et durable.
Sierra Leone : une centrale hybride pour alimenter la future mine de Baomahun.
En Sierra Leone, une centrale hybride de 58 MW est en cours de construction pour accompagner le développement de la mine d’or de Baomahun, dans le district de Bo. Le site combinera énergie solaire, thermique et batterie de stockage, avec pour objectif de garantir une alimentation continue tout en réduisant la dépendance aux carburants fossiles.
Ce modèle, désormais privilégié par plusieurs acteurs miniers en Afrique de l’Ouest, permet de stabiliser les coûts d’exploitation tout en répondant aux attentes en matière de performance environnementale. Il traduit aussi une évolution notable dans la conception des infrastructures énergétiques minières, plus autonomes, mieux intégrées, et pensées en amont.
Pensées avant tout pour sécuriser la production minière dans des zones souvent peu desservies, ces infrastructures soulèvent une question de fond : peuvent-elles aussi, à terme, devenir des points d’ancrage pour une électrification locale durable ?
Gamble : un projet solaire stratégique à Soma, soutenu par la CEDEAO.
La Gamble projette la construction d’une centrale solaire de 150 MW à Soma, dans la région de Lower River. Portée par l’Organisation pour la mise en valeur du fleuve Gamble (OMVG) et soutenue par la CEDEAO, l’initiative vise à renforcer l’indépendance énergétique du pays tout en facilitant les échanges d’électricité à l’échelle sous-régionale.
Le site de Soma a été identifié pour son positionnement stratégique, à la croisée des corridors d’interconnexion entre la Gamble, le Sénégal, la Guinée et la Guinée-Bissau. La centrale, une fois opérationnelle, pourrait alimenter directement le réseau national mais aussi injecter de l’énergie dans le système régional de l’OMVG.
Au-delà de la production, le projet pose la question des capacités d’absorption et de gestion des réseaux nationaux. Car sans infrastructures d’évacuation robustes, même les électrons les mieux produits restent à l’arrêt.
Ghana : Akonta Mining sous pression pour ses activités illégales.
Au Ghana, la Coalition contre l’exploitation minière illégale (GCAG) demande des poursuites judiciaires contre la société Akonta Mining Ltd. L’entreprise est accusée d’avoir maintenu des activités aurifères dans des zones forestières pourtant classées, en violation des interdictions formelles édictées par l’administration en 2022.
Le dossier, sensible, prend un tour politique : les opposants à Akonta rappellent que la société a été liée à des figures influentes du parti au pouvoir. Pour la GCAG, l’absence de sanctions crédibles nourrit un climat d’impunité qui affaiblit les efforts nationaux contre le « galamsey », cette exploitation artisanale ou illégale qui dégrade les écosystèmes et échappe à tout contrôle fiscal.
Au-delà du cas Akonta, c’est la cohérence des politiques de régulation minière qui est en jeu. Une législation claire ne suffit pas : encore faut-il que sa mise en œuvre soit lisible, équitable, et appliquée sans distinction.
Nigeria : Renaissance Energy confrontée à une série d’incidents sur ses oléoducs.
Selon une dépêche publiée par Reuters le 19 mai 2025, Renaissance Africa Energy a déclaré avoir interrompu temporairement les opérations sur son oléoduc Okordia-Rumuekpe, dans l’État de Rivers, à la suite d’une fuite causée par un raccordement illégal. La société a précisé que la production avait été arrêtée « pour limiter les dégâts environnementaux », tandis qu’une enquête impliquant autorités locales et acteurs communautaires est en cours.
Il s’agit du deuxième incident en moins de deux semaines. Le 6 mai, une rupture sur le Trans Niger Pipeline avait déjà provoqué un déversement de brut dans la région de B-Dere, selon l’ONG locale Environmental Rights Action, citée par Reuters.
Ces incidents interviennent peu après l’acquisition par Renaissance des actifs onshore de Shell Nigeria. Pour de nombreux observateurs, ils illustrent les défis persistants liés à la sécurisation des infrastructures dans le delta du Niger.
Dans un environnement aussi exposé, la reprise d’actifs n’a de sens que si elle s’accompagne d’une gouvernance opérationnelle adaptée aux réalités locales.
Afrique du Sud : Pretoria plaide pour une transition énergétique plus réaliste.
Lors du Africa CEO Forum tenu à Abidjan les 12 et 13 mai 2025, le ministre sud-africain des Ressources minérales et de l’Énergie, Gwede Mantashe, a appelé à une transition énergétique « abordable, équilibrée et fondée sur les réalités du continent ». Selon un article publié par Reuters, il a critiqué les politiques climatiques internationales qu’il juge inéquitables, affirmant que « l’Afrique ne peut pas être contrainte à une trajectoire énergétique qui met en péril son développement ».
Le ministre a souligné la nécessité de combiner énergies renouvelables et exploitation contrôlée des ressources fossiles, en particulier pour les pays disposant de charbon ou de gaz naturel.
Le défi reste entier : articuler ambition climatique globale et trajectoires nationales viables.
Éthiopie : des accords sino-éthiopiens pour stimuler les secteurs minier et énergétique.
Le gouvernement éthiopien a annoncé la signature de plusieurs accords d’investissement pour un montant total de 1,7 milliard de dollars (près de 1 040 milliards de francs CFA), principalement avec des entreprises chinoises. Selon une dépêche publiée le 14 mai, ces engagements visent à développer l’exploration minière, les infrastructures électriques et les capacités de production énergétique du pays.
Le ministère des Finances a précisé que les projets porteront sur la transformation locale des ressources, notamment l’or, le lithium et les terres rares, et incluront la construction de nouvelles installations industrielles. Ces partenariats s’inscrivent dans la stratégie de l’Éthiopie visant à renforcer l’attractivité de son secteur extractif tout en accélérant son industrialisation.
Ces accords marquent une étape importante, mais rappellent aussi que la diversification économique repose autant sur les projets signés que sur leur mise en œuvre concrète.
Afrique du Sud : les communautés minières veulent peser dans la transition énergétique.
Des représentants de communautés vivant à proximité des sites miniers en Afrique du Sud appellent à une meilleure inclusion dans les projets d’énergie renouvelable en cours de développement. Selon une enquête publiée por Business & Human Rights en mai 2025, plusieurs groupes communautaires dénoncent une transition énergétique menée sans véritable concertation locale ni retombées concrètes pour les populations affectées par les fermetures de mines.
« Nous sommes les premiers touchés par l’exploitation, et les derniers à bénéficier du changement », déclare un responsable communautaire cité dans le rapport. Les griefs portent notamment sur l’absence d’emplois, de formation technique et de participation aux décisions dans les nouveaux projets solaires ou éoliens implantés sur d’anciens territoires miniers.
Une transition durable suppose des mécanismes d’inclusion définis en amont, au risque de reproduire les déséquilibres du passé.
L’énergie durable séduit les entreprises, malgré des freins persistants.
Selon une note publiée par African Mining Market le 6 mai 2025, l’énergie durable représente une opportunité stratégique croissante pour les entreprises sud-africaines confrontées à la volatilité du réseau national et aux hausses tarifaires. Photovoltaïque, solutions hybrides, stockage par batterie : les offres se diversifient et attirent les acteurs industriels en quête de stabilité énergétique.
Plusieurs groupes miniers ou agroalimentaires ont déjà entamé des transitions partielles vers l’autoproduction, avec un accès facilité aux dispositifs de financement verts. Mais des obstacles demeurent, notamment la lenteur des procédures d’autorisation, l’incertitude réglementaire et la dépendance persistante au charbon dans certaines régions.
L’engouement est réel, mais la généralisation de ces solutions dépendra autant de la clarté du cadre que de la capacité à sécuriser les investissements dans la durée.
Brésil : Petrobras progresse vers l’exploration pétrolière en Amazonie.
Le 20 mai 2025, l’agence environnementale brésilienne Ibama a approuvé le plan d’urgence de Petrobras pour la protection de la faune en cas de marée noire dans le bassin de Foz do Amazonas, rapprochant l’entreprise de l’obtention d’une licence de forage dans cette région écologiquement sensible.
Cette approbation permet à Petrobras de procéder à une simulation de son plan, dernière étape avant la décision finale d’Ibama. Cependant, le président d’Ibama, Rodrigo Agostinho, a averti que de futures licences pourraient nécessiter une étude environnementale approfondie (AAAS), susceptible de retarder les projets de plusieurs années.
Cette avancée met en lumière les tensions de plus en plus marquées entre développement énergétique et préservation environnementale, dans un contexte de transition énergétique mondiale.
Koweït : répression contre le minage de cryptomonnaies face à la crise énergétique.
Le 1er mai 2025, les autorités koweïtiennes ont lancé une vaste opération de répression contre les activités de minage de cryptomonnaies, accusées d’être une cause majeure de la crise énergétique actuelle. Selon le ministère de l’Intérieur, ces activités illégales exploitent indûment l’électricité, entraînant des coupures de courant dans les zones résidentielles, commerciales et de services, et représentant une menace directe pour la sécurité publique.
Bien que le Koweït ait interdit le commerce de cryptomonnaies, aucune législation spécifique ne régit le minage. Cette lacune juridique, combinée à des coûts d’électricité extrêmement bas, a favorisé la prolifération de fermes de minage non réglementées. Face à une demande énergétique croissante due à l’expansion urbaine et aux températures élevées, les autorités cherchent à alléger la pression sur le réseau électrique avant l’été. Cette initiative ne fait que souligner la nécessité d’un cadre réglementaire clair pour équilibrer innovation technologique et sécurité énergétique.